Qu’est-ce que le stress et quelles conséquences a-t-il sur la santé ?

C’est grâce au stress que l’espèce humaine et les espèces animales supérieures ont pu se perpétuer. Le stress donne les ressources nécessaires pour prendre ses jambes à son cou dans la savane ou pour affronter les prédateurs ! Mais un stress mal géré, ignoré et surtout chronique peut causer des dégâts importants sur la santé.
Qu’est-ce que le stress ?
Le stress est une réaction physiologique normalequi survient en cas de pression ou d’agression de notre environnement. Chacun d’entre nous est exposé au stress, mais nous ne réagissons pas tous de la même manière.
Lorsqu’un individu est soumis à un stress, son organisme enclenche une réaction globale, des réponses physiologiques et psychologiques intensesqui lui permettent de rassembler tous ses moyens pour affronter l’événement de façon appropriée.
Il est fait pour nous donner des moyens de défense ou de fuite en cas d’agression, mais les conditions de vie actuelles nous autorisent rarement à y recourir : la réaction « flight or fight » (« fuis ou bats-toi »), à laquelle l’organisme est normalement programmé, est impossible ou interdite.
Le stress provoque une poussée d’adrénaline immédiate qui accélère le rythme cardiaque et amplifie le souffle. Mieux oxygénés, les muscles se contractent et gagnent en puissance. Le système nerveux et hormonal passe en surrégime. Les capacités physiques (courir, grimper, sauter)… sont ainsi optimisées.
Quels sont les symptômes du stress ?
Les mêmes stress ne déclenchent pas les mêmes réactions selon les individus. Selon la Fédération Française de cardiologie (Source 1), il est toutefois possible de mettre en avant certains signes tels que :
- Des tensions musculaires ;
- Des problèmes digestifs et intestinaux ;
- Des troubles du sommeil (insomnies) ;
- Des manques d’appétit ;
- Des migraines ;
- Des vertiges ;
- De la fatigue ;
- Des problèmes cutanés (acné liée au stress, etc.).
Le stress se développe aussi au niveau psychique en déclenchant des réactions émotionnelles puissantes : peur, colère, désir ou enthousiasme. La mémoire devient fulgurante, les capacités d’analyses sont affûtées. Les deux dimensions du stress, psychique et physiologique, sont toujours liées.
Inscrivez-vous à notre newsletter quotidienne !
Santé Magazine vous donne les clés pour mieux comprendre et agir sur votre santé chaque jour par email.
« On reconnaît également le stress aux symptômes ayant trait aux émotions comme l’agitation, l’irritation, l’indécision et la baisse de libido, l’anxiété, la mélancolie, la dépression et une faible estime de soi, etc. », ajoute la Fédération.
Inégaux face au stress
Notre gestion du stress et notre capacité à l’endurer dépendent étroitement de notre santé physique et mentale, mais aussi de :
- Nos conditions de vie : activité professionnelle, humeur du jour, difficultés à certains moments de la vie… jouent énormément sur le vécu et les conséquences du stress. Un individu en bonne forme physique, peu prédisposé à l’hypertension par exemple, ne souffrira pas des attaques de stress de la même façon qu’une personne déjà affaiblie par des troubles cardiovasculaires. De même, celui qui est entouré ou qui a la possibilité de se reposer et de se détendre, se remet plus facilement d’une épreuve morale (accident, perte d’emploi…) ;
- Notrehistoire personnelle (enfance, éducation, épreuves rencontrées dans la vie..) : elle nous prédispose plus ou moins bien à ne pas développer un stress démesuré en réponse aux difficultés ;
- Notre personnalité : c’est une donnée incontournable dans la réaction de stress, qu’elle soit excessive ou insuffisante : l’un va sentir une véritable bouffée d’angoisse parce que le dîner n’est pas prêt à l’heure habituelle ; l’autre ne se décide à réviser ses examens qu’à la veille de l’épreuve….
Quelles sont les 3 phases du stress ? Quel est son mécanisme ?
Notre organisme répond à un contexte stressant par une réaction en trois phases : alarme, résistance, épuisement (syndrome général d’adaptation découvert en 1935, par Hans Selye).
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) décrit en détail ces trois phases (source 2).
- L’alarme :« dès sa confrontation à une situation évaluée comme stressante, l’organisme réagit immédiatement en libérant des catécholamines (hormones produites par la glande médullo-surrénale, dont l’adrénaline). Celles-ci augmentent la fréquence cardiaque, la tension artérielle, les niveaux de vigilance, la température corporelle… Ces modifications ont pour but de préparer l’organisme à réagir en amenant l’oxygène aux organes qui vont être sollicités », note l’Institut ;
- La résistance : « si la situation persiste, l’organisme entre en phase de résistance. Peu de temps après la première phase, de nouvelles hormones, les glucocorticoïdes, sont sécrétées (par la glande corticosurrénale). Ces hormones augmentent le taux de sucre dans le sang pour apporter l’énergie nécessaire aux muscles, au cœur et au cerveau et y maintenir un niveau constant de glucose » ; poursuit-il ;
- L’épuisement : « si la situation stressante se prolonge ou s’intensifie, l’organisme entre en phase d’épuisement. Dans cette situation, les capacités de l’organisme sont débordées. L’autorégulation des glucocorticoïdes devient inefficiente. L’organisme est submergé d’hormones activatrices qui, si les tentatives de modification de la situation se révèlent inopérantes, peuvent devenir délétères pour la santé ».
Et si le stress est surmonté ?
Si l’événement stressant est surmonté de façon positive (l’entretien d’embauche est terminé, vous avez freiné à temps pour éviter l’accident de voiture..), l’étape suivante est une étape de ralentissement. Les sécrétions hormonales (adrénaline, endorphine, cortisol, dopamine…) reviennent à la normale. Les battements de cœur et le souffle retrouvent leur rythme habituel. C’est la phase de détente : elle est dominée par une sensation de fatigue qui s’estompe naturellement après un repos adapté. L’organisme retrouve son métabolisme courant. Au niveau psychique, la tension se réduit, la vigilance s’abaisse et l’esprit s’apaise.
Stress intense, aigu, chronique… Les différents types de stress
Le stress intense
Dans certains cas, le stress peut devenir si intense qu’il finit, à l’inverse, par inhiber toute capacité à se défendre : la personne n’arrive plus à se soustraire à une situation nocive (refuser un surcroît de travail par exemple) ou à réagir à une agression (contrer une critique qui vient du conjoint, du supérieur, d’un ami). Les énergies accumulées par la réaction de stress restent inemployées.
Le stress aigu
« Ce type de stress découle d’événements ou de situations spécifiques pour lesquelles nous sentons que nous avons peu de contrôle et qui impliquent des éléments d’imprévisibilité et de nouveauté ou qui menacent notre égo : C.I.N.É. Le stress aigu n’est pas nécessairement mauvais pour nous, puisqu’il stimule la sécrétion d’hormones qui nous aident à gérer la situation », note le Centre d’études sur le stress humain (CESH) (Source 3).
Le stress chronique ou permanent
C’est le stress finit par entraîner le stress. De ponctuel, il devient chronique. On passe de l’inquiétude à l’anxiété, et celle-ci s’auto-entretient jusqu’à l’épuisement. De physiologique, le mécanisme devient pathologique. La pression devient oppression : le stress rend malade.
On parle de stress chronique lorsque l’emballement est devenu permanent : parce que la vie quotidienne est trop difficile à affronter (surbooking, exigences sur le lieu de travail, crainte de perdre son emploi, angoisses pour la santé d’un proche…) ou parce que l’individu a une personnalité anxieuse. Dans ce dernier cas, des événements que la plupart des gens trouvent peu importants (qu’ils soient positifs ou négatifs) sont perçus comme des agressions. Ils provoquent chez la personne anxieuse un stress disproportionné.
Par définition, un individu en état de stress chronique ne parvient plus à revenir en phase de détente. Il subit une « surchauffe » psychique et physique permanente. Le stress entraîne alors une fatigue, une aggravation de l’anxiété, et il est très difficile de sortir de ce cercle vicieux.
En cas de stress chronique ou de coups de stress répétés, la suractivation physique liée au stress finit par se retourner contre l’organisme et le mène à l’épuisement : c’est le phénomène de surmenage (baptisé « burn out » quand ses causes sont plus directement liées aux conditions de travail).
Une nuit de sommeil ne suffit plus à éponger la fatigue et l’organisme le manifeste par des dysfonctionnements variés : troubles du sommeil et/ou sensation de fatigue dans la journée, palpitations, douleurs musculaires ou articulaires…
Cet épuisement a un impact très net sur l’humeur : l’individu devient irritable, agressif, incapable de se concentrer ou de faire correctement appel à sa mémoire. Il s’ensuit logiquement une certaine tendance à voir la vie en noir qui peut mener à la déprime, voire à la dépression.
Plus globalement, le stress joue un rôle notable dans le vieillissement prématuré de l’organisme.
Un impact sur le système immunitaire
Selon une étude de l’Université de Californie du Sud (UCS), le stress accélérerait le vieillissement du système immunitaire, augmentant alors potentiellement le risque de cancer, de maladies cardiovasculaires et de maladies infectieuses (dont le Covid-19). Pour les auteurs de l’étude, parue en 2022 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (Source 5), ce lien pourrait expliquer en partie les disparités de santé liées à l’âge, et notamment le bilan inégal de la pandémie, certaines personnes ayant été plus affectées que d’autres aux mêmes âges.
“Cette étude aide à clarifier les mécanismes impliqués dans le vieillissement immunitaire accéléré”, a ainsi déclaré l’auteur principal de l’étude, Eric Klopack, chercheur à l’USC Leonard Davis School of Gerontology. À mesure que l’on vieillit, le système immunitaire subit naturellement une dégradation spectaculaire, que l’on appelle immunosénescence. Plus l’on avance en âge, plus notre profil immunitaire s’affaiblit, comprenant trop de globules blancs “fatigués” en circulation et trop peu de globules blancs “jeunes” et “naïfs”, prêts à affronter de nouveaux envahisseurs, apprend-on dans un communiqué (source 6).
Les chercheurs ont ici mesuré l’exposition à divers types de stress (stress au travail, stress chronique, discriminations, événements stressants de la vie…) de 5 744 adultes de plus de 50 ans. En plus de questionnaires, des échantillons sanguins ont également été prélevés pour évaluer l’âge du système immunitaire. Verdict : les personnes ayant des niveaux de stress plus élevés avaient des profils immunitaires plus âgés, avec moins de globules blancs à l’état “naïf” et davantage en fin de vie.
Selon les chercheurs, cette association s’expliquerait en partie par le fait que “les personnes qui subissent du stress ont tendance à avoir de moins bonnes habitudes alimentaires et d’exercice”, ce qui réduirait la production de nouvelles cellules immunitaires. L’enjeu serait donc, à mesure que l’on vieillit, de veiller à garder un régime alimentaire équilibré et une activité physique, afin d’aider à compenser le vieillissement immunitaire dû au stress.
Quelles sont les maladies causées par le stress ?
C’est lorsqu’il devient chronique que le stress peut nuire à notre santé.
« À terme, le stress chronique favoriserait l’apparition de nombreuses maladies et en aggraveraient l’évolution », avertit la Fédération française de cardiologie (Source 4). « Une étude parue en 20041, devenue depuis une référence, avait montré l’impact important du stress chronique sur la santé cardiovasculaire en influant notamment sur l’hypertension. Celui-ci multiplierait par 2,5 le risque de contracter un infarctus du myocarde ! »
Si la situation de stress se prolonge, les symptômes du stress s’installent ou s’aggravent, « entraînant des altérations de la santé qui peuvent devenir irréversibles », ajoute L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) (source 2). Parmi lesquels : le syndrome métabolique, les maladies cardiovasculaires, les troubles musculosquelettiques (TMS), la dépression et l’anxiété.
« Les situations de travail stressantes peuvent augmenter le risque d’accident du travail ou de trajet et seraient impliquées dans l’apparition ou l’aggravation de troubles hormonaux, de troubles de la fertilité et de certaines pathologies de la grossesse (prématurité)« , conclut l’INRS.
Quand le stress est un moteur
Certains individus vivent volontairement dans le stress pour se sentir efficaces ou performants. D’aucuns disent qu’ils se « shootent » à leur propre adrénaline en n’étant capable d’agir que sous l’effet de coups de fouets hormonaux. Ils se mettent volontairement en situation de danger pour tirer de leur organisme une énergie qu’ils n’aiment pas ou n’arrivent pas à mobiliser par la volonté.
C’est une tactique éventuellement utile, par exemple dans le cas de l’étudiant qui bachote juste avant un examen. Mais cela ne peut pas devenir un mode de fonctionnement sans user l’organisme. Pensons aux « work alcoholics »(« alcooliques du travail » au sens littéral, en français on dit plutôt « drogués du travail ») qui sont des cibles idéales pour le burn out (épuisement par surmenage professionnel).
Le stress, une question de perception et de circonstances
La réaction de stress, tant au niveau psychologique que physiologique, dépend du message d’alerte que le cerveau envoie au système hormonal. Ce dernier est donc directement lié à la perception du stimulus en question. Si le cerveau voit – ou se représente – la situation comme étant plus ou moins dangereuse ou contraignante, il amplifie ou minore la réaction physio-psychologique de stress en proportion.
Liée à la personnalité, la perception du stress est aussi affaire de circonstances.
Le stress est nuisible quand l’individu est placé, selon l’expression du biologiste Henri Laborit, en situation « d’inhibition de l’action » face à l’agression. Faute de pouvoir mettre en oeuvre le principe « flight or fight » (« fuis ou bats-toi« ) pour lequel il est normalement programmé, l’organisme retourne contre lui-même la réaction de stress. La poussée d’adrénaline par exemple, qui intensifie l’énergie musculaire, augmente le souffle et le rythme cardiaque, ne sert plus qu’à mener le cœur à la tachycardie. Au niveau psychique, la frustration est tout aussi pénible.
En cas de stress au travail par exemple, la personne qui ne peut pas protester sans risquer un blâme souffre beaucoup plus que celle qui est autorisée à discuter la situation. De fait, la première sera davantage menacée par le burn out que la seconde.
L’impact de l’inhibition n’est pas le même non plus selon les enjeux. Passer un examen médical n’a pas le même impact dans le cas d’un bilan de routine que dans celui d’une confirmation d’un diagnostic.
Source 1 : « Le stress et ses symptômes », Fédération française de cardiologie, 21/05/2021.
Source 2 : Dossier « Stress au travail », Institut national de recherche et de sécurité (INRS), 05/01/2017.
Source 3 : « Stress aigu VS stress chronique », Centre d’études sur le stress humain (CESH).
Source 4 : « Conséquences du stress sur la santé », Fédération française de cardiologie, 21/05/2021.
Source 5 : Social stressors associated with age-related T lymphocyte percentages in older US adults: Evidence from the US Health and Retirement Study, Proceedings of the National Academy of Sciences (2022).DOI: 10.1073/pnas.2202780119
Source 6 : Stress accelerates aging of immune system, study finds, communiqué de l’UCS, 13/06/22.